"La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté." (Max Stirner)."
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20 septembre 2007

Sarkozy va-t-il chercher la croissance en faisant la guerre ?



Nicolas Sarkozy a promis que si la croissance n’est pas au rendez-vous, il ira «la chercher». Mais où et à quel prix ? Au prix de l’engagement de la France dans un conflit militaire d’envergure. Absurde ? Pas si sûr… Démonstration.

Le 17 janvier 1961, dans son célèbre discours de fin de mandat, le président Eisenhower mettait en garde les États-Unis contre les dangers du «complexe militaro-industriel» : «Cette conjonction entre un immense establishment militaire et une importante industrie privée de l’armement est une nouveauté dans l’histoire américaine. (...) Nous ne pouvons ni ignorer, ni omettre de comprendre la gravité des conséquences d’un tel développement. (...) nous devons nous prémunir contre l’influence illégitime que le complexe militaro-industriel tente d’acquérir, ouvertement ou de manière cachée. La possibilité existe, et elle persistera, que cette influence connaisse un accroissement injustifié, dans des proportions désastreuses et échappant au contrôle des citoyens. Nous ne devons jamais permettre au poids de cette conjonction d’intérêts de mettre en danger nos libertés ou nos méthodes démocratiques. Rien, en vérité, n’est définitivement garanti. (…)»

30 ans plus tard, jour pour jour, Gorge Bush père déclenchait l’opération «Tempête du Désert» avec pour objectif officiel de chasser les troupes de Saddam Hussein du Koweït, après avoir incité le dictateur irakien à envahir l'émirat ; telle était (et est toujours) la conviction du documentariste/pamphlétaire Michael Moore, des journalistes Dominique Jamet et Thierry Meyssan (auteur de l'ouvrage controversé "L'Effroyable imposture"), ou encore de l’ancien porte-parole de la Maison-Blanche Pierre Salinger. Car, pour nombre d’experts, c’est le complexe militaro-industriel US qui, par son lobbying et ses manigances, a conduit l’Amérique de Gorge Bush père à entrer en guerre, avec pour objectif inavoué de relancer l'ensemble de l’économie états-unienne.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, c’est effectivement le secteur de l’armement qui est le principal moteur de la croissance des l’industries de l'informatique, du nucléaire, de l'aéronautique, de l'aérospatiale… et de la quasi-totalité des secteurs de la recherche scientifique. Ainsi, en déversant des milliers de tonnes de bombes sur l’Irak, c’est toute la machine économique états-unienne qui a été relancée au début des années 90. Et tout porte à croire que c’est la même logique qui a conduit Gorge W. Bush à intervenir aussi massivement en Afghanistan et en Irak, après les attentats du 11 septembre 2001. Ainsi, certains experts estiment qu’en 2 ans, les États-Unis ont largué plus de bombes sur les montagnes désertiques d’Afghanistan que sur l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Qu’est-ce qui justifie pareille absurdité au regard du résultat qu’on connaît (Ben Laden court toujours) ? En procédant à ce «déstockage massif», les États-Unis ont créé les conditions de leur réarmement tout aussi massif. Et c’est ainsi que depuis 1991, le complexe militaro-industriel dénoncé par le président Eisenhower, est doté de crédits quasiment illimités pour rééquiper en matériels dernier cri l’US Army, l’US Air Force, l’US Navy, et l’ensemble des services de renseignements qui traquent les réseaux Al-Qaida de Ben Laden aux quatre coins de la planète.
Alors, est-ce à cette logique que nous préparent Nicolas Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner (tous deux partisans de l'intervention US en Irak) ? Car, où le Président de la République envisage-t-il de «chercher la croissance» qu’il nous promet si ce n’est sur le terrain militaire, aux côtés de l’Amérique de Gorge Bush. Et ce terrain propice ne serait-il pas la République islamique d’Iran qui est dans la ligne de mire de l’administration américaine… et maintenant dans celle du Quai d'Orsay ?

En France, comme aux USA, le complexe militaro-industriel tire de grands secteurs de l’économie. Mais, aujourd'hui, de nombreuses entreprises d’armement peinent à imposer leurs matériels sur le marché international, comme Dassault qui n’a pas vendu un seul avion de chasse Rafale à l’étranger. Autant dire que l’engagement de troupes françaises sur un vaste champ d’opérations militaires serait une aubaine pour le complexe militaro-industriel français et, comme le pensent certains, pour l’ensemble de l’économie nationale… Absurde ?

Steve Borrow pour Rénovation-démocratique