«Démoocraatiie», arme de destruction massive
par Daniel Chardon, France
«La plus grande démocratie du monde», à savoir les USA, brandissant l’étendard de la liberté, part en croisade contre la tyrannie, partout dans le monde …
Cette politique émancipatrice est dans le droit-fil de l’histoire même des Etats-Unis. Depuis le progrès apporté aux sau-vages peaux-rouges, jusqu’à la délivrance de Dresde et d’Hiroshima … Depuis l’accueil fraternel de millions d’Africains, jusqu’aux secours mémorables accordés aux Vietnamiens. Depuis la défense sourcilleuse de la justice en Palestine, jusqu’à la libération des Serbes et des Irakiens … L’humanisme Etats-unien, loin de se démentir, ambitionne aujourd’hui d’instaurer le bonheur universel, par la démocratie. Le but est ostensiblement messianique: libérer le monde du Mal … voyons si le moyen en est à la hauteur.
La démocratie est le régime politique dans lequel la souveraineté est exercée par le peuple. D’une manière ronflante, on a parlé du «gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple». C’est tellement lumineux qu’il est audacieux de ne s’en point réclamer. C’est en cela, l’antipode de la ploutocratie – règne de l’argent-roi – qui, heureusement, n’est probablement qu’un mythe, puisque aucun Etat ne s’est jamais proclamé tel …
En Suisse – comme ce fut le cas pendant un siècle à Athènes – existe (ou subsiste?) une démocratie directe: l’ensemble des citoyens débattent et décident eux-mêmes des orientations à prendre. Ils le font lors de ce qu’ils appellent des «votations» (l’équivalent de nos référendums). C’est ainsi que, de par la volonté populaire, la Suisse n’est pas (encore) dans l’UE, qu’elle refuse les OGM, etc. … etc. …, qu’après une résistance opiniâtre de plusieurs décennies au «machin», elle n’est membre de l’ONU que depuis 2002. C’est pourquoi l’on vote très fréquemment dans les cantons suisses. A côté de cela, leurs élections servent à désigner les exécutants … le chef de l’Etat pour un an, les députés («conseillers») à la proportionnelle – ajoutons tout de suite qu’on y prône – et respecte encore à peu près – la «libre formation de l’opinion»; c’est-à-dire l’absence de toute propagande d’Etat, selon la formule «pas de propagande avec l’argent des contribuables».
Voilà une démocratie assez conséquente! … Et c’est un fait que la Suisse n’est pas un pays plus misérable qu’un autre… que les révolutions (de palais ou de rue) y sont inconnus; et que si les Suisses aiment les vaudevilles politicards, ils sont contraints de regarder chez leurs voisins. Pourvu que ça dure!
Pour autant ne perdons pas de vue que la démocratie directe n’est une garantie ni de justesse ni de justice. Sur l’agora on écoute Démosthène s’égosiller, mais on laisse Philippe de Macédoine phagocyter la Grèce et, finalement, prendre Athènes … On condamne à mort des généraux que l’ont devrait honorer, ainsi que des Phocion et des Socrate! … quitte à leur ériger des monuments à titre posthume. Un tel régime – vox populi vox Déi – n’est donc pas, en soi, «La» potion magique … simplement, les gouvernés, étant les gouvernants, ne peuvent-ils s’en prendre qu’à eux-mêmes.
Au demeurant, les bons apôtres du mondialisme ne promeuvent pas cette conception «basique» de la démocratie. Ils cherchent même à l’éradiquer dans son dernier bastion européen, la Suisse. Toutes les intrigues et pressions sont bonnes pour dissocier le Conseil fédéral de ses mandants, et le mettre en remorque des institutions euro mondialistes. Indépendance et neutralité sont intolérables … Des soldats suisses, «humanitaires» et, au début, sans armes, sont allés au Kosovo; on les presse aujourd’hui de se montrer («en maintien de la paix») en Afghanistan; ce qui, bien sûr, exclut toute votation sur le sujet.
Non, ce qui doit se répandre sur le monde, c’est la «Démoocraatiie» … la nuance est de taille, mais pour la simplicité, nous reprenons immédiatement l’orthographe habituelle. Les gens, sûrs d’eux et dominateurs, qui s’ap-prêtent à gouverner l’humanité, veulent généraliser le système qui assure leur fortune: la «Démocratie représentative».
Le peuple est toujours réputé «souverain», mais cette souveraineté, il ne l’exerce pas … Ce sont ses représentants qui se mettront d’accord pour désigner ceux qui l’exerceront. Et si le souverain n’est pas content il pourra, quelques années plus tard, changer de représentants. C’est-à-dire qu’il votera pour un autre parti. Ou plus exactement il élira un autre parti; car, en France, à rigoureusement parler, on ne vote pas, on élit.
Admettons maintenant – puisque la perfection n’est pas de ce monde – que les politiciens ne soient pas toujours totalement désintéressés … que les partis soient plus soucieux de leurs intérêts propres que de la volonté nationale … qu’ils soient, peu ou prou, liés à la finance nationale, et, en fait, de nos jours, internationale … qu’en conséquence ces partis soient beaucoup plus proches les un des autres que chacun ne l’est du peuple. Dans ces conditions, remplacer un parti par un autre ne reviendrait-il pas à choisir à quelle sauce on sera mangé?
Si l’on ajoute à cela que le gouvernement en place peut modifier à sa guise les règles du jeu … Si, par incroyable, il remet l’essentiel de son pouvoir entre les mains d’une puissance occulte étrangère et non élue… De quelle autorité le peuple resterait-il investi? Enfin, si l’Etat, avec l’argent public, ainsi que les médias, avec celui de lobbies apatrides, ne laissant aucune place à une véritable information ni à un véritable débat, se livrent à un bourrage de crâne ininterrompu … que devient cette «libre formation de l’opinion» sans laquelle évidemment la démocratie est illusoire?
La rencontre de toutes les turpitudes susdites aboutirait à une odieuse caricature de démocratie – c’est-à-dire à un portrait fidèle de la nôtre, par exemple. Car si le peuple Français est toujours souverain, c’est à la manière de ces rois que l’on garde pour le décorum … Disons que «le peuple règne mais ne gouverne pas». Oh! De temps en temps on peut le consulter réellement, pour lui montrer le respect qu’on lui porte … si l’on est sûr qu’il votera bien (c’est-à-dire oui) … étant entendu qu’on passera outre, dans le cas contraire.
On le voit, la nuance entre Démocratie et «Démoocraatiie» est un abîme! L’une fait de la nation un souverain, bon ou mauvais, mais difficile à escamoter. L’autre semble précisément étudiée pour permettre cet escamotage … Elle n’est plus que l’incantation de démagogues en campagne.
«Nos» politiciens et «nos» maîtres-à-penser médiatiques – tous plus sûrs d’eux et dominateurs les uns que les autres – n’ont qu’elle à la bouche … et qu’une idée en tête: nous réduire à l’anonymat, et nous mettre, politiquement et économiquement, en batterie, comme de la volaille. Et cela pour répondre aux appétits politico-financiers hégémoniques des prétendants au trône mondial.
Finalement, c’est la démocratie qui est un mythe, malgré que maints pays s’en réclament … Le veau d’or, lui, est une réalité.
La noble croisade pour une démocratie universelle n’aurait aucune chance d’aboutir si elle se présentait pour ce qu’elle est: l’instauration – de gré ou de force – d’une ploutocratie mondiale. C’est cela, le mondialisme … stade suprême de l’impérialisme.
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