"La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté." (Max Stirner)."
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15 janvier 2007

Libre-service grâce à la politique mondiale


Les sociétés qui profitent de la «guerre contre le terrorisme» Révélations du journaliste Wayne Madsen

am. Les USA se considèrent comme un modèle de démocratie. Quand George W. Bush intervient militairement, c’est, selon ses dires, pour offrir la liberté, l’égalité et la fraternité. Dans son dernier livre, Jaded Tasks: Brass Plates, Black Ops and Big Oil: the Blood Politics of George Bush & Co, l’ancien agent des Services de renseignements de la marine Wayne Madsen en apporte la preuve: En réalité, il ne s’agit pas seulement de pétrole mais d’intérêts économiques beaucoup plus étendus. Qui profite de la lutte contre le terrorisme? L’ultime objectif de la politique extérieure des Etats-Unis est d’accroître les capitaux privés des membres du parti républicain.

Printemps 2006. Bien en retard, les médias allemands se rendent compte de ce qui n’est plus depuis longtemps un secret aux USA, car Wayne Madsen a apporté les preuves d’un tourisme de la torture organisé par la CIA dès la fin de 2005. Selon les recherches de ce commentateur de télévision renommé, expert en politique de sécurité, parallèlement à Guantanamo Bay, on a engagé des «spécialistes de l’interrogatoire». Dans des prisons secrètes d’Etats internationalement proscrits parce qu’ils pratiquent la torture, ces «spécialistes» secondent la CIA dans la lutte contre Al-Qaïda.

Dans son premier livre, Madsen fait une nouvelle révélation. Ce ne sont ni l’Armée ni les Services secrets qui sont responsables des transports de prisonniers mais des entreprises privées qui gagnent des millions avec ces activités illégales. Il a réussi à identifier le numéro de série d’un de leurs avions – 1172 – et lui attribuer 51 atterrissages à Guantánamo Bay. Il appartient au multimillionnaire Philip H. Morse de Floride, mieux connu comme un des propriétaires de l’équipe de base-ball «Boston Red Sox». En suivant cette trace, on aboutit à un entrelacs de sociétés qui entretiennent des relations directes avec l’état-major des conseillers de George W. Bush. Madsen mentionne 37 entreprises «de premier plan» qui, grâce à leurs relations politiques, ont reçu depuis 1994 des contrats de mercenaires. Depuis la guerre en Bosnie déjà, on leur reproche de violer massivement les droits de l’homme.

L’ouvrage est actuellement l’acte d’accusation le plus approfondi qui existe contre le Président des Etats-Unis. L’auteur connaît l’appareil des Services secrets de l’intérieur et il dispose ainsi d’informations réservées aux initiés. Il a fait partie du système avant de se transformer en un des détracteurs les plus compétents et les plus acerbes du gouvernement.

On est choqué de voir à quel point la politique et l’économie sont liées. L’idée très répandue selon laquelle le souci du gouvernement américain est d’assurer à la population une matière première, le pétrole, se révèle fausse. Si c’était vrai, on devrait lui reconnaître un désintéressement patriotique. Or Wayne Madsen l’accuse du contraire. En analysant les relations commerciales entre la famille Bush et le clan Bin Ladin d’Arabie saoudite, il démontre que la politique gouvernementale vise l’augmentation des profits d’entreprises américaines de tous les secteurs économiques, lesquelles ont un point commun, celui d’appartenir aux républicains. Des centaines de politiciens et d’entreprises, avec leurs propriétaires, y sont cités nommément. Madsen nous révèle tout un système d’enrichissement qui se sert de la politique mondiale. Les événements actuels liés à la «guerre contre le terrorisme» ne sont qu’un sujet parmi d’autres. Peu importe l’endroit du monde où une crise éclate, les consortiums cités sont déjà sur place depuis longtemps pour en tirer profit.

(Horizons et débats, 3 janvier 2007, 7e