"La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté." (Max Stirner)."
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30 août 2006

Fabriquez vous-mêmes votre bombe au TATP

par Thomas C. Greene*
Le complot terroriste déjoué le 10 août 2006 par le gouvernement Blair n’a guère de crédibilité. Non sans humour, le romancier Tom Greene imagine les difficultés d’un jihadiste pour embarquer discrétement son matériel à bord d’un avion de ligne et s’isoler trois heures dans les toilettes pour fabriquer son explosif.




Fabriquer une quantité suffisante de TATP pour faire exploser un avion en vol n’est pas aussi simple que cela a été présenté par la presse dominante lorsque les autorités britanniques ont révélé le prétendu « complot du 10 août ». Il ne suffit pas de s’éclipser aux toilettes et de mélanger deux liquides inoffensifs.

Pour commencer, vous devez vous procurer une quantité suffisante de peroxyde d’hydrogène et ayant la bonne concentration. Ce n’est pas un produit facile à se procurer à l’état pur. Bien sûr, vous pouvez en acheter dans les drogueries sous forme de décolorant pour cheveux. Mais ces solutions contiennent 97 % d’eau. Vous allez donc devoir faire bouillir le liquide pour extraire l’eau et concentrer le peroxyde. Vous risquez par la même occasion de mettre le feu à votre laboratoire improvisé et de tout perdre avant même qu’un seul « suppôt du Grand Satan » n’ait péri.

Mais bon, mettons que vous avez trouvé un moyen de vous procurer du peroxyde d’hydrogène dans la concentration adéquate ou que vous avez pu en fabriquer en faisant bouillir du décolorant sans que votre cuisine ait explosé. Très bien. Il vous reste à vous procurer de l’acétone et de l’acide sulfurique. Ces ingrédients sont nettement plus faciles à acheter dans le commerce.

Passons aux choses sérieuses. Prenez votre peroxyde d’hydrogène concentré, votre acétone et votre acide sulfurique, dosez soigneusement chaque liquide et versez le dans des bouteilles de soda afin de les passer discrètement par la douane et de les introduire à bord de l’avion. Vous pouvez gagner de la place en mélangeant dans une même bouteille le peroxyde d’hydrogène et l’acétone - mais dans ce cas il est impératif de garder le liquide au frais. Vous allez donc devoir transporter, dans vos bagages à main, (outre votre exemplaire du Coran dédicacé par Oussama Ben Laden en personne), plusieurs packs de glace (à transporter dans une glacière ou un emballage isotherme en polystyrène), ainsi qu’un thermomètre, une grande éprouvette à bec, une baguette mélangeur en verre et une pipette en verre, jaugée. Vous allez en avoir besoin.

Je vous conseille vivement de prendre un billet de première classe et de commander du champagne dès votre arrivée à bord. Si vous voyagez avec une compagnie aérienne correcte, ils devraient vous fournir votre bouteille dans un seau à glace. Le seau et la glace vous seront utile - en plus des packs de froid et de l’emballage isotherme - pour maintenir votre mélange à une température suffisamment basse pour qu’il ne prenne pas feu dans les toilettes de l’avion avant d’avoir atteint la concentration suffisante pour devenir de l’explosif.

Une fois que l’avion a décollé et est en route vers les États-Unis, ne perdez pas de temps, il vous faut plusieurs heures pour fabriquer l’explosif. Transportez discrètement tout votre attirail dans les toilettes. Vous devrez probablement faire plusieurs voyages pour ne pas attirer l’attention du personnel de bord. Une fois que vous avez tout rassemblé, enfermez-vous dans les toilettes, placez l’éprouvette graduée dans le bain de refroidissement (le seau à glace du champagne) et versez-y doucement le mélange acétone-peroxyde d’hydrogène contenu dans la première bouteille. Placez le thermomètre dans l’éprouvette et, à l’aide de la pipette, commencez à y ajouter, goutte à goutte, l’acide sulfurique contenu dans la deuxième bouteille. Prévoyez un masque respiratoire et des lunettes de piscine car les vapeurs dégagées sont corrosives et vous avez besoin de votre autre main pour touiller en permanence votre mélange. Ne laissez pas votre vue se brouiller car vous devez garder un œil constant sur le thermomètre. Au fur et à mesure que vous ajoutez l’acide, la mixture va s’échauffer et si elle devient trop chaude, vous vous retrouverez avec un explosif de faible puissance. Au pire, si elle devient vraiment trop chaude, elle risque de prendre feu ou d’exploser prématurément et de vous tuer, vous, en faisant juste un peu de dégâts dans les toilettes de l’avion, c’est tout. Ce n’était pas le but de l’opération et vous risquez de vous voir priver de vos 70 vierges quand vous arriverez au paradis des martyrs.

Après quelques heures de touillage et d’ajout d’acide goutte à goutte, vous obtenez une quantité de TATP suffisante pour mener à bien votre projet - à condition bien sûr que les vapeurs acides dans cet espace confiné ne vous aient pas suffoqué, qu’elles n’aient pas attiré l’attention des autres passagers ou du personnel de bord et qu’aucun passager ne soit venu tambouriner contre la porte des WC... Si rien de tout cela ne s’est produit, c’est un vrai miracle (preuve que vous êtes vraiment un combattant de Dieu) et il ne vous reste plus qu’à laisser sécher votre mélange pendant environ deux heures et demie. Ensuite il n’y a plus qu’à le détonner, ce qui est relativement simple à faire à l’aide d’un petit appareil électrique quelconque.

Comme vous pouvez le constater, fabriquer du TATP à bord d’un avion est à la portée du premier jihadiste venu. Il faut simplement s’assurer qu’on en fabrique en quantité suffisante pour provoquer la destruction de l’avion et qu’on a pris les précautions nécessaires pour obtenir une qualité suffisante et éviter une combustion prématurée. On ne peut pas faire l’impasse sur la qualité quand on veut commettre « un meurtre de masse à une échelle inimaginable » comme l’affirme Paul Stephenson, chef-adjoint de la police britannique. Car même si vous pouvez toujours obtenir un cocktail explosif en mélangeant au jugé les ingrédients, il y a peu de chances pour qu’il fasse suffisamment de dégâts pour détruire l’avion. Au mieux, vous casserez quelques hublots et vous tuerez quelques croisés infidèles - victimes des débris volants quand la cabine sera subitement dépressurisée. Mais c’est à peu près tout ce que vous arriverez à obtenir, même dans les meilleures conditions possibles.
Thomas C. Greene
Romancier états-unien.

De "Réseau Voltaire"

15 août 2006

TERRORISME - Londres a-t-il joué à déjouer des attentats ?

Aprés les fumeuses cassettes de Ben Laden, toujours sorties à point nommé et le "fantomas" Zarqaoui, que l'administration américaine a reconnu avoir fabriqué(voir précédent post du 18 juillet) voila maintenant "le complot international" visant à faire exploser 10 avions, pas moins... déjoué opportunément au moment de grandes tensions au moyen-orient et au moment ou on ne sait plus vraiment comment justifier le carnage au Liban. Visiblement, le doute s'installe sur la véracité de "l'affaire", voir ci aprés l'article de Christian Tientcheu et Eric Glove dans Courrier International

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La tentative d'attentat déjouée à Londres vient renforcer l'idée selon laquelle l'avion reste une cible privilégiée pour les terroristes, même s'ils diversifient leurs modes opératoires afin d'échapper aux contrôles de plus en plus sophistiqués. La presse britannique de gauche s'interrogent cependant sur la réalité et l'importance de ces tentatives d'attentats.
"C'est la plus grande opération de surveillance antiterroriste connue jamais réalisée au Royaume-Uni", déclare le Financial Times, suite à l'annonce que la police britannique avait déjoué des tentatives d'attentats terroristes coordonnés ayant pour cible une dizaine de vols commerciaux au départ de Londres. Des tentatives qui auraient pu se transformer en l'un des attentats les plus meurtriers de l'histoire planétaire, si l'on en croit Scotland Yard.

Pendant une période non précisée, "la police et les services de sécurité ont filé et surveillé un grand nombre de personnes soupçonnées de préparer l'explosion en plein vol de plusieurs avions de ligne", révèle le quotidien britannique, qui ajoute : "Les enquêteurs ont laissé la préparation du complot aller à son terme. Ils ont suivi les déplacements de jeunes musulmans à Londres et dans diverses régions du Royaume-Uni, écouté leurs réunions et analysé leurs dépenses."

Ce qui est nouveau, dans cette tentative d'attentats, c'est le type d'engin utilisé. Les terroristes sont passés des bombes traditionnelles aux explosifs liquides. "Les liquides censés être utilisés dans ce cas peuvent jouer des sales tours aux terroristes eux-mêmes lors de la préparation, mais, d'après les experts, ils ont l'avantage d'être difficiles à détecter lors des contrôles", explique le Financial Times.

Selon le journal, "ce complot a des similitudes avec les attentats auxquels pensait Ramzy Yousef, reconnu coupable aux Etats-Unis en 1996 de préparer l'explosion d'une douzaine d'avions américains avec des explosifs à base de nitroglycérine".

Pour The Times, en plus du type d'engin explosif utilisé par les terroristes, c'est toute une philosophie de fonctionnement qui a changé. Au fil des années, on est passé de la prise d'otages avec demande de rançon ou de libération de prisonniers a un radicalisme pur et dur, à l'idée de "on fait tout sauter". "Il n'y a rien de plus photogénique et terriblement violent que l'explosion d'un avion en plein vol", raconte le célèbre quotidien conservateur. "L'explosion du Boeing 747 au dessus de Lockerbie, en Ecosse, en 1988 [attentat imputé à la Libye] est encore vivace dans les mémoires."

"La prise d'otages et la destruction des avions a toujours eu une grande valeur symbolique pour les terroristes. Depuis le premier détournement d'un avion commercial, un appareil de Cathay Pacific, au départ de Macao, en 1948, il y a eu au moins quarante détournements aériens importants, dont la plupart se sont terminés avec peu ou pas de pertes en vies humaines", rappelle le quotidien de Londres, avant de conclure que "les compagnies continueront d'être des cibles privilégiées pour les terroristes, et la vulnérabilité de n'importe quel engin volant à 1 000 kilomètres/heure à 10 000 mètres d'altitude ne diminuera pas, malgré toutes les mesures qui pourront être prises dans les aéroports. Le moyen le plus efficace pour contrer le terrorisme reste et demeure la prévention en amont par les services secrets."

Un point de vue que ne partage pas du tout le quotidien de gauche The Independent. Dans un éditorial intitulé "Services secrets, sécurité, et le besoin d'en savoir plus", le journal s'interroge. "Depuis longtemps, notre rédaction défend l'idée que c'est par l'action discrète des services secrets et de la police que l'on peut et doit lutter contre le terrorisme, pas avec les lois ultrarépressives que favorise trop souvent ce gouvernement. Si réellement un complot d'envergure a été déjoué grâce à ce travail de l'ombre, il n'y a qu'à s'en féliciter et en être fiers."

Mais des attentats ont-ils réellement été déjoués ? "Il y a dans toute cette affaire des éléments qui mettent plus que mal à l'aise. Par exemple, le fait que le ministre de l'Intérieur ait déclaré en début de semaine que le Royaume-Uni était menacé de la pire manière depuis la Seconde Guerre mondiale : le ministre était donc au courant du complot quand il a évoqué le danger. Mais, pour ceux qui ne disposaient pas de cette information, l'alerte et l'opération d'hier peuvent sembler une méthode cynique pour illustrer l'imminence d'un danger. En outre, cette opération arrive juste au bon moment, alors que, cet après-midi, un rapport dénonçant l'état de nos troupes en Irak devait être discuté. Du coup, cette information et ce débat seront fort à propos occultés. Et les appels lancés aux parlementaires leur demandant de réfléchir sur la crise au Proche-Orient le seront tout autant."

Enfin, insiste le quotidien, "il faut rappeler que plusieurs collaborations entre les services secrets britanniques et américains ont donné lieu à des manipulations médiatiques, comme pour les armes de destruction massive en Irak, l'histoire des réservoirs à Heathrow ou l'attaque à l'aube à Forest Gate [où des musulmans accusés de terrorisme avaient été arrêtés en grande pompe, avant d'être discrètement relâchés car il n'y avait rien à leur reprocher]. Sans compter la version totalement fausse de la mort du Brésilien Jean Charles de Menezes, présentée comme un courageux acte antiterroriste alors qu'il s'agissait d'une bavure policère. Au final, si nous pensons instinctivement que le gouvernement nous doit plus de précisions et d'informations sur cette opération et ses côtés obscurs, il ne doit s'en prendre qu'à lui-même."

Et le quotidien The Guardian, connu pour son sérieux, abonde dans le même sens que The Independent. "La confiance du peuple dans son gouvernement est un fondement nécessaire de la lutte d'une société contre le terrorisme. Nous devons croire que nos dirigeants agissent de bonne foi. Malheureusement, la situation actuelle est telle que nous ne pouvons que nous demander en qui placer notre confiance. Outre les affaires de Menezes et Forest Gate, il est bon de rappeler que, après les attentats du 7 juillet 2005 dans le métro de Londres, la police avait affirmé que ces attaques avaient été commises par des individus inconnus des autorités. Nous savons aujourd'hui que c'était faux, que certains étaient connus des services de sécurité, qui avaient omis de prêter attention aux paroles de l'un des terroristes annonçant clairement ce qu'il allait faire."

"De toutes ces affaires, y compris le supposé complot déjoué hier, nous pouvons retenir que nous devons largement améliorer l'efficacité de nos services secrets afin de restaurer la confiance nécessaire. Et que, en outre, tout ce que le gouvernement a fait à ce jour pour lutter contre la menace – réelle – du terrorisme n'a fait qu'aggraver les choses."
Christian Tientcheu et Eric Glove