"La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté." (Max Stirner)."
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12 novembre 2007

Bwana,dégages ... on a déjà donné !!!




L'Afrique
en a marre ... marre qu'on s'occupe d'elle pour la sauver, corps et
ame,  en fait pour lui donner des leçons , comme au temps des pêres
blancs, des administrateurs, des bwanas ...

L'Afrique en a marre de notre vision "tintin au congo", de notre vision "discours de Dakkar" ...

L'Afrique en a marre qu'on lui donne des leçons d'humanité, nous hommes
blancs qui détruisons tous nos mécanismes de solidarité ...

L'Afrique en a marre qu'on lui donne des leçons de non
instrumentalisation politique de la pédophilie, nous dont le Président
a fait de ce type de déclaration son fond de commerce ...

L'Afrique en a marre qu'on lui donne des leçons de présomption
d'innocence, nous dont le président ordonne des rafles au faciès, nous
dont le président estime que les seuls putatifs innocents sont les
membres de son gouvernement , et ses amis du CAC40 ...

L'Afrique en a marre qu'on lui donne des leçons de justice, de morale
politique, de soumission à l'ordre économique mondial, de moralité
entrepreneuriale , ...

kouchner_rien.jpg L'Afrique en a marre de se voir montrée du doigt pour sa
putative barbarie intrinséque ...

La chiquotte, les cases défoncées, les femmes et les enfants pris en
otage pour s'assurer la docilité des travailleurs forcés, ce travail
forcé, pour construire routes, églises, postes militaires, chemin de
fer, ou pour venir crever , pieds nus, dans le froid des tranchées de
verdun, pour alimenter en main d'oeuvre les plantations d'un bout à
l'autre du continent ... Ca, c'était la réalité de ce continent , celle
qu'on lui a construit durant un siécle de dépeçage, celle qu'on lui a
laissé pour seul héritage à partir des années 1960... ces frontières
taillées à la machette et au Lebel, au mépris d'une histoire niée , ou tracées sur une carte blanche, sur un coin de table , à
Berlin

... Ces incapacités à vivre ensemble sur lesquelles nos états et nos
multinationales ont joué pour asseoir leur omnipotent pouvoir ...

"Bwana, dégages, on a déjà donné...!!!"
cette impression d'entendre ces mots, derriére tout le dégueulis
médiatique autour  des illuminés de l'arche de zoé ...  N'en déplaise à
Maitre Connard , ils sont tout sauf des victimes les valeureux
humanitaires ... Ils peuvent toujours revendiquer la présomption
d'innocence, le Collard , not'bon président, et quelques autres ...
Chais pas s'ils sont pénalement coupables , la bande d'humanitaires,
mais je leur trouve une de ces filiations qui a de quoi donner de
l'urticaire ... sur tout le continent africain ... Mêmes regards
allumés de putatifs martyrs shootés à l'encens, même certitude de
détenir La vérité, même volonté de sauver à tout prix, ... ils ont
juste remplacé les soutanes par des tee-shirts ... Et ces soutanes là,
elles sont moralement coupables des pires putasseries ...

missionaire.jpgIl
y a du pêre blanc chez ces allumés de l'humanitaire ... bien sur, on ne
parle plus de sauver les ames innocentes pour attirer le pognon des
bonnes ames, non, juste de sauver les millions d'innocents ...  il y a
du croyant chez ces allumés, qui évacuent à priori toute critique au
nom de leur vérité "L’Arche
de Zoé s’exposera certainement aux foudres de Khartoum, de certains
politiciens, de quelques philosophes ou autres «grands penseurs» qui
vont crier au scandale ...
"
Ils avaient des
velléités de martyr ? ... l'afrique va leur en donner ... Never mind
... mais comptez pas sur moi pour leur procés en béatification ... Pour
le reste, j'ai autant confiance dans la justice Tchadienne que dans la
justice de mon pays ... pour libérer rapidement les journalistes et le
personnel navigant, qui étaient, à priori, juste des travailleurs ,
dans cette galère ...

soumission.sociale


"j'ai
une vision perverse du monde: je pense que les parents de ses enfants
aiment autant leurs enfants que les autres parents de la terre. Je
pense par ailleurs que ce n'est pas parce que l'on est pauvre que l'on
a pas le droit d'avoir cette vision stupide selon laquelle on aurait
une culture à transmettre. En l'occurrence, au Tchad et au Darfour, les
gens sont musulmans et considèrent que l'on ne doit pas adopter des
enfants. On peut certes éduquer des enfants qui ne sont pas les siens,
mais à condition de préserver leur filiation et de leur expliquer qui
est leur 'vrais' parents. On peut ne pas être d'accord avec cette
conception, mais il n'en demeure pas moins que si on veut aider des
gens, il faut d'abord les respecter un peu. De plus, si on veut aider
les personnes qui vivent au Darfour, pourquoi ne pas aider toute la
famille plutôt que de juste venir prendre certains enfants en laissant
les adultes et adolescents se débrouiller tous seuls? Doit-on
comprendre qu'à partir de 15 ans, on ne mérite plus vraiment une vie
décente?
(...)"

http://fr.360.yahoo.com/profile-qDj9rAg5eqJSpIeU0OeU0g--?cq=1

06 novembre 2007

Le complexe occidental du sauvetage d’enfants. De l’affaire de l’Arche de Zoé à la mise en cause du système de l’adoption internationale.

A
croire que c’est un syndrome culturel, une compulsion occidentale !
Celle qui consiste à aller aux quatre coins du monde pour « sauver des
enfants en danger de mort ». Je cite l’entête du site internet de
l’Arche de Zoé : « Il faut sauver les enfants du Darfour pendant qu’il
est encore temps. Dans quelques mois, ils seront morts ! ». Cette
association n’est pas la seule à s’appuyer simultanément sur l’urgence
et sur la nécessité du sauvetage d’enfants, ce sont des arguments
publicitaires auxquels nous sommes habitués au fil des campagnes des
grands organismes humanitaires internationaux. « Un enfant meurt (de la
faim, de la lèpre, de la tuberculose, etc.) toutes les X secondes »...
Sur le site de l’Arche de Zoé
(http://www.archedezoe.fr/accueil.htm), vous verrez les mêmes photos
d’enfants mourants et pitoyables que sur les brochures officielles
d’organismes très honorables comme l’Unicef, Handicap International ou
Action contre la faim.


Ce complexe est l’héritier à la fois de
notre culture judéo-chrétienne (le sauvetage des âmes), et de notre
culpabilité à l’égard des populations qui subissent les conséquences
dramatiques de l’impérialisme et du cynisme des gouvernants de nos
pays... L’espace dans lequel s’exprime le plus aisément ce complexe est
légal : il s’agit de l’adoption internationale. Les parents adoptants
que j’ai rencontrés dans le cadre d’une recherche en psychologie clinique
en 2006 (http://osi.bouake.free.fr/article.php ?id_article=417) en
témoignent : ils veulent « partager leur bonheur » avec un enfant
pauvre, un enfant déshérité auquel ils souhaitent « donner une
chance ». Certains rêvent ainsi, à la suite de Joséphine Baker, de
s’entourer de toute une collection d’enfants venus des quatre coins du
monde, pour faire des familles « smarties » ou « bénéthon ». Ils disent
que cette vocation leur est venue de très loin, souvent de leur
enfance... Ils affirment qu’ils ont toujours su qu’ils adopteraient un
jour. Le recueil d’enfants répondrait chez eux à une vocation.


Face à de telles motivations, difficile
d’évacuer la question de la culpabilité des nantis face à cette misère
qui remonte du Sud au Nord. Auparavant, cette misère s’étalait en
quatre mètres sur trois, sur les murs de nos villes. Depuis quelques
années, ce sont les corps morts des candidats à l’exil qui se
fracassent sur nos frontières méditerranéennes... La pression monte.


A travers le système légal et organisé
de l’adoption internationale, nous nous sommes habitués à l’idée que la
transplantation d’enfants des pays du Sud dans des familles du Nord
pouvait constituer une réponse acceptable à toutes les situations de
détresse : guerres, famines, maladies, etc. Quelque soit le problème,
un enfant risque de mourir, une seule réponse : « tu gardes ton
problème, je prends ton enfant ». Marché de dupes contre lequel un
jour, les populations du Sud ne manqueront pas de se dresser. Arrivera
un jour où les gouvernants des pays pourvoyeurs n’accepteront plus le
pillage humain... Et l’affaire de l’Arche de Zoé a pour effet
réjouissant d’accélérer ce processus.


L’adoption d’un enfant à l’étranger
n’est pourtant pas sans risque, il ne s’agit pas d’un « coup de
baguette magique » qui illuminerait brusquement la vie d’un enfant,
grâce à l’amour inconditionnel et au bonheur en kit. La recherche en
psychologie qui a été menée en 2006 à l’université Paris 8, a permis de
rencontrer des enfants adoptés qui présentaient une psychopathologie
très caractéristique. Le plus grand risque est bien sûr la souffrance
identitaire, qui dans ses formes extrêmes, s’exprime sous des formes
psychotiques ou dépressives (problèmes cognitifs, tentatives de
suicide, grande violence, etc.). Arrachés à leur pays et à leurs
attachements d’origine, il arrive que les enfants ramenés en France
aient des difficultés à se sentir chez eux, à endosser leur nouvelle
identité, à se glisser dans la « fiction juridique » qu’est l’adoption.
Le risque pour ces enfants déracinés est de rester « suspendus » entre
deux identités, comme le décrit Christian Dumortier dans son
livre-témoignage « Adopté dans le vide »..
Ces difficultés sont exacerbées lorsque les enfants ont un vécu
traumatique dans leur pays d’origine, ce qui est souvent le cas pour
cause de guerre, troubles politiques, déplacements de populations, mais
aussi maltraitances, absence de soins médicaux, famine... [2]


Si je parle de pillage, c’est que
l’argument justificatif du système légal (Adoption Internationale) et
des diverses formes illégales de « sauvetage » (Arche de Zoé et
consoeurs), est le même : ce sont des enfants sans famille, des
orphelins. Je me suis amusée cette semaine, d’entendre un ministre
tchadien rappeler que cet état, ce statut d’orphelin, n’existe pas au
Tchad, en ce qu’il relève d’une conception occidentale de la famille.
Je me réjouis d’entendre enfin de tels propos clairement énoncés, car
en effet, les anthropologues ne cessent de nous rappeler que les
systèmes culturels de parenté africains ont prévu des modalités locales
de prise en charge des enfants dont les parents sont morts : le rôle de
la famille élargie (oncles, tantes, etc.) est fondamental dans
l’accueil des orphelins. D’ailleurs, dans de nombreuses cultures, un
enfant qui est accueilli chez sa tante ou son oncle n’est pas considéré
comme un orphelin ! Doit-on rappeler qu’actuellement, le principal
obstacle au fonctionnement de cette solidarité familiale est la misère
économique dans laquelle se trouvent les familles africaines.


Au nom de l’urgence, il n’est pas
étonnant que nous passions d’un système légal à des mesures illégales.
D’ailleurs, les deux systèmes ne sont pas étanches, et la zone qui les
sépare est on ne peut plus floue. Où s’arrête la légalité lorsqu’il
s’agit de recueillir un « consentement éclairé » de la part de
personnes dans des situations de survie [3] ? Je soutiens par conséquent qu’il
existe un continuum entre les deux systèmes, et qu’il est hypocrite de
traiter les dérives de l’Arche de Zoé sans interroger les fondements du
système de l’Adoption Internationale
. D’ailleurs, les pays du Sud
ne s’y sont pas trompés : après le tsunami de décembre 2004,
l’Indonésie a fermé son pays à l’adoption afin de se prémunir du
pillage d’enfants, et cette semaine, c’est le Congo Brazzaville qui
annonce qu’il se ferme à l’adoption internationale suite à l’affaire de
l’Arche de Zoé... Arrivés à ce point, nous ne nous étonnerons pas en
constatant que la mobilisation fondatrice des « sauveteurs de l’Arche
de Zoé » est un projet destiné à venir en aide aux enfants et aux
familles victimes du Tsunami(http://www.archedezoe.fr/tsunami.htm).


Arrivée à ce point, il me semble
également important de souligner la vaste hypocrisie de nos dirigeants
français dans cette histoire. Car nous pouvons nous interroger sur ce
qui déclenche le passage à l’illégalité totale et revendiquée [4]
de la part des membres de l’Arche de Zoé ? Au nom de quoi des personnes
s’autorisent à « passer aux actes » ? Cette expression citée par
l’association française sur son site internet est intéressante du point
de vue psychologique... Le passage à l’acte étant le fruit d’une
impulsion produite par l’incapacité à élaborer une émotion.


C’est bien le sentiment d’urgence
qui autorise ces passages à l’acte. Et ce sentiment d’urgence a été
alimenté très récemment concernant le Darfour par les politiciens
français, qui souhaitent donner à leurs électeurs l’impression qu’ils
sont mobilisés pour faire face à la situation dramatique du Darfour,
pour donner l’illusion qu’ils sont en train d’agir. Il faut se rappeler
qu’au lendemain de l’élection présidentielle, Bernard Kouchner,
lui-même ancien french-doctor spécialiste de l’intervention d’urgence,
a organisé un sommet appelé « Urgence Darfour »... ce que Rony Brauman
dénonçait cette semaine comme « l’installation par les politiques de
l’idée que le sauvetage immédiat était un impératif au nom duquel la
transgression juridique était possible ». Il ne faut donc pas s’étonner
que certaines personnes qui avaient une vocation au sauvetage (comme un
ancien pompier Président d’une association) soient passées aux actes.
La réaction médiatique et politique de grande ampleur aux dérives mises
en actes par l’Arche de Zoé vise certainement à détourner l’attention
de la responsabilité morale de ceux qui ont utilisé l’urgence (du
Darfour et d’ailleurs) comme « caisse de résonance » à leurs propres
intérêts. Une vaste hypocrisie...


Pour être très claire et pour conclure,
j’affirme donc que les occidentaux abusent de leur position dominante,
au mieux pour recueillir des consentements à l’adoption de la part des
familles et des Etats, au pire pour organiser du pillage humain, en
présentant comme seule solution l’exportation d’enfants devenus
marchandises. Et nous soutenons pourtant qu’il en existerait une
autre : donner les moyens à ces familles élargies de prendre en charge
et d’accueillir leurs orphelins. Il me semble que la réponse
d’Orphelins Sida International est clairement engagée à cet égard : les
personnes qui parrainent des enfants par notre intermédiaire
soutiennent que la meilleure solution est de donner des moyens aux
familles pour continuer d’élever leurs enfants au sein de leurs
communautés.


Il se trouve que notre association
existe depuis 7 ans et que nous peinons à nous développer. Malgré les
250 enfants parrainés à l’heure actuelle, nous ne parvenons toujours
pas à financer un salarié, et le refus de subventionner notre action
fait l’unanimité auprès des pouvoirs publics et des financeurs privés,
tant du côté de la lutte contre le sida que de l’aide à l’enfance... Le
parrainage d’enfants dont les parents sont morts du sida n’est, en
effet, pas une action spectaculaire, difficile à valoriser auprès de
l’opinion publique, il s’agit d’un travail peu visible puis qu’il
permet simplement à un enfant de vire et d’être scolarisé dans sa
communauté. Nous avons toujours refusé l’imagerie du catastrophisme en
Afrique [5]],
et malgré nos diffcultés d’existence, notre action existe ! Ce faisant,
c’est sur une note positive que je souhaite terminer cet éditorial, en
rappelant que, bien que confrontées à des obstacles, les initiatives de
prise en charge des orphelins et des enfants vulnérables sont
possibles, et que toutes les actions en leur faveur ne sont pas
forcément condamnées au fatalisme.

                                                                          Sandrine Dekens
http://www.orphelins-sida.org/

















[1] psychologue clinicienne, experte de la prise en charge des orphelins et enfants vulnérables


[2] Pour aller plus loin sur la psychopathologie des enfants adoptés à l’étranger :
Dekens S., (2006), Exposés et sauvés. Le singulier destin des enfanst adoptés à l’étranger, Saint-Denis : Université Paris 8, http://osi.bouake.free.fr/IMG/pdf/Exposes_et_sauves.pdf ;

Romana V., Dekens S., (2006), « Enfants adoptés en difficulté : pour une prise en charge psychologique spécifique », Le Journal des Professionnels de l’Enfance, Dossier Adoption coordonné par Sellenet C., N°39, Mars-Avril 2006, pp 60-64


[3] voir à ce sujet les malentendus culturels dans les recueils de consentements : Exposés et sauvés, pp 11-12 et p76


[4]
Site Internet : « L’Arche de Zoé s’exposera certainement aux foudres de
Khartoum, de certains politiciens, de quelques philosophes ou autres
« grands penseurs » qui vont crier au scandale en parlant d’éthique,
d’illégalité ou de traumatisme psychologique des enfants déracinés
(...) pendant que (...) d’autres essuieront les critiques mais agiront »

03 novembre 2007

Les orangs-outangs victimes du pétrole vert


À Bornéo,
l'extension des plantations de palmiers à huile pour faire du
biocarburant constitue désormais le principal danger pour la survie de
ces animaux en voie de disparition.

 





QUAND il était jeune, Igin Gusen apercevait souvent des orangs-outangs
lors de ses visites dans la forêt pour cueillir caoutchouc ou rotin.
Mais aujourd'hui ce paysan du centre de la province indonésienne de
Kalimantan, sur l'île de Bornéo, a 65 ans et son mode de vie a changé
autant que la couleur de ses cheveux. « Maintenant on a des bateaux à moteur, et les orangs-outangs sont timides, ils n'aiment pas le bruit, explique-t-il. Ils sont partis plus loin dans la forêt. »

 

Plus loin, mais où ? Dans les environs de son village niché au bord de
la rivière, on ne trouve plus qu'une bande de jungle large de quelques
kilomètres. Les grands arbres ont été coupés pour laisser la place à
quelques plantations de caoutchoutiers ou de manioc, et surtout
d'immenses étendues de broussailles là où la terre est trop acide pour
supporter des cultures rentables. Les animaux, eux, se sont évaporés.

 

Selon les Nations unies, 98 % des orangs-outangs pourraient avoir
disparu d'ici 2022. Responsable ? La destruction de leur habitat.
L'Indonésie, seul pays au monde avec la Malaisie où vivent ces grands
singes, est entrée cette année dans le Livre des Records sous
le triste titre de champion du monde de la déforestation : on y détruit
l'équivalent de 300 terrains de football de forêt par heure. Avec eux,
disparaît le garde-manger de ses hôtes naturels.

 

Il y a trente ans à peine, l'île de Bornéo était recouverte à 80 % par
la forêt primaire. Mais sa couverture forestière ressemble aujourd'hui
à la fourrure d'un chien atteint de la gale : elle diminue à vue
d'oeil, si rapidement que, d'après l'ONU, elle pourra être totalement
dégradée d'ici quinze ans.

 

Chassés de leur habitat naturel, les orangs-outangs trouvent souvent la
mort lorsqu'ils s'aventurent à la recherche de nourriture dans les
plantations qui ont remplacé les grands arbres. Ils sont abattus par
les travailleurs agricoles qui les considèrent comme des pestes ou,
pour les plus chanceux, atterrissent dans des camps de réhabilitation
établis sur l'île, comme celui de Nyaru Menteng, géré par l'ONG Bornéo
Orang-outang Survival qui accueille 630 primates.

 

Orphelins nourris au biberon

 

Dans la forêt qui borde le parc, une trentaine de bébés jouent ou
boivent au biberon sur les genoux de jeunes femmes employées par le
centre. Tous sont orphelins, récupérés sur les zones de plantations
après que leurs mères ont été abattues. Ils resteront dans le centre au
moins jusqu'à 7 ans, âge auquel les jeunes peuvent survivre sans leur
mère. Ils seront ensuite relâchés dans la nature, si tant est que l'on
trouve une forêt qui pourrait supporter des animaux en plus. « Cela devient de plus en plus difficile », soupire Lone Nielsen, une Danoise en charge du projet.

 

À Bornéo, le principal moteur des scies n'est plus l'appât du profit
que l'on peut réaliser par la vente des grumes - la plupart des gros
arbres dans les zones relativement accessibles ont déjà été coupés et
vendus. L'ennemi numéro Un, c'est maintenant l'expansion des
plantations de palmiers à huile.

 

Ironiquement, l'expansion de ces plantations est alimentée par des
considérations partiellement écologiques, car l'huile de palme est
utilisée dans la fabrication de biocarburants, souvent présentés comme
une alternative à l'or noir. « C'est
de la folie pure de dire que les biocarburants sont une solution à nos
problèmes environnementaux ! Au contraire, ils y contribuent puisque ce
business encourage la déforestation »
, tempête Stephen Brendt, biologiste de l'ONG Bornéo Orang-outang Foundation International.

 

À Jakarta, on assure que l'expansion des plantations ne se fait pas au
détriment des forêts, mais seulement sur des terres déjà dégradées. Sur
le terrain, le constat diffère. Même les parcs nationaux ne sont pas
épargnés : à Tanjung Puting, connu grâce aux travaux du Dr Birute
Galdikas qui y étudie les orangs-outangs depuis plus de trois
décennies, un tiers du parc a été ouvert à des concessions forestières
et commence à être grignoté par les plantations de palmiers sur sa
frontière nord.

 

L'Indonésie et la Malaisie, les deux seuls pays où vit l'orang-outang,
produisent aujourd'hui à eux seuls quelque 90 % de l'huile de palme
consommée dans le monde. Et comme on estime que la demande mondiale de
ce produit devrait doubler d'ici à 2020, sous l'influence notamment du
boom des biocarburants, seule une forte volonté politique, contraire
aux intérêts économiques directs du pays, pourra sur le long terme
servir d'assurance-logement aux orangs-outangs.