"La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté." (Max Stirner)."
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21 novembre 2006

LE NEC PLUS ULTRA DE LA SURVEILLANCE ELECTRONIQUE

Le nec plus ultra de la surveillance électronique : la traçabilité des individus



IBM s’apprête à lancer des « solutions de sécurité » qui vont pousser d’un cran la surveillance électronique, nous apprend Benoît Dupont, professeur et Directeur adjoint du Centre International de Criminologie Comparée à l’Université de Montréal, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sécurité, identité et technologie.

Considérez-vous avertis : il faudra désormais adopter en tout temps des comportements « normaux », du moins devant les caméras de vidéo surveillance. En effet, IBM promet que les images captées par des caméras vont pouvoir être analysées par de puissants logiciels « intelligents » d’analyse de données, en vue de détecter des comportements humains « anormaux ».

Qu’est-ce qu’un « comportement humain anormal » ? Cela dépend. On peut facilement imaginer que certains comportements publics normaux au Québec deviennent vite suspects au Kazakhstan.

Ce n’est pas tout. L’intégration des diverses formes de surveillance électronique est ahurissante.

Cette tendance […] aboutit au renforcement de la traçabilité des personnes. En effet, il s’agit ici de convertir nos allées et venues dans le monde réel en des données numériques aisées à analyser et à conserver, afin de pouvoir les fusionner aux données recueillies lors de nos incursions dans le monde virtuel.

Ajoutons que les partenariats entre l’État et l’entreprise privée ne sont pas pour nous rassurer.

Un exemple récent est l’appel d’offres du gouvernement du Québec pour la construction et la gestion d’une portion de l’autoroute 30. L’entreprise privée pourra prendre par caméra vidéo le numéro des plaques automobiles et obtenir des renseignements (nom et adresse du détenteur) auprès de la Société d’assurance automobile du Québec.

Qu’en sera-t-il des vieillards dans ces centres privés d’hébergement ? Qu’en sera-t-il des enfants dans les garderies, dont les comportements agressifs pourraient bien se retrouver dans des fiches numérisées qui vont les suivre toute leur vie. Qu’en sera-t-il des élèves dans les cours d’école qui pourraient aussi se retrouver filmés et fichés à leur insu?

Paranoïa ? Dupont précise qu’il sera possible « de mener des recherches sur des individus ou des véhicules spécifiques parmi des milliers ou des millions d’heures d’enregistrement avec une efficacité bien supérieure à celle d’opérateurs humains. »

De là à créer des super fiches numérisées qui pourront nous suivre toute notre vie…Petite question en passant : IBM va-t-elle vendre ses « solutions de sécurité » à la Chine ?

Benoit Dupont.La convergence de la sécurité physique et de la sécurité digitale.

Techmocratie.org

15 novembre 2006

VIVE LA CROISSANCE

Conte du pêcheur



Au Mexique, au bord de l’eau dans un petit village côtier, un bateau rentre au port, ramenant plusieurs thons. Un américain complimente le pêcheur mexicain sur la qualitéde ses poissons.
L’Américain : Combien de temps vous a-t-il fallu pour les capturer ?
Le pêcheur mexicain : Pas très longtemps.
A)- Mais alors, pourquoi n’êtes-vous pas resté en mer plus longtemps pour en attraper plus ?
PM)- Ces quelques poissons suffiront à subvenir aux besoins de ma famille.


A)- Mais que faites-vous le reste du temps ?
PM)- Je fais la grasse matinée, je pêche un peu, je joue avec mes enfants, je fais la sieste avec ma femme. Le soir, je vais au village voir mes amis.Nous buvons du vin et jouons de la guitare. J’ai une vie bien remplie.

A)- j’ai un diplôme de l’université de Harvard et je peux vous aider. Vos devriez commencer par pêcher plus longtemps. Avec les bénéfices dégagés,vous pourriez acheter un plus gros bateau. Avecl’argent que vous rapporterait ce bateau, vous pourriez en acheter un deuxième et ainsi de suite.jusqu’à ce que vous possédiez une flotte de chalutiers. Au lieu de vendre vos poissons à un intermédiaire, vouspourriez négocier directement avec l’usine et même ouvrir votre propre usine. Vous pourriez alors quitter votre petit village pour Mexico City, LosAngeles, puis peut-être New York, d’où vous dirigeriez toutes vos affaires.

PM)- Combien de temps cela prendrait-il ?
A)- 15 à 20 ans.

PM)- Et après ?
A)- Après, c’est là que ça devient très intéressant :

quand le moment sera venu, vous pourrez introduire votre société en bourse et vous gagnerez des millions.

PM)- Des millions ? Mais après ?

A)- Après, vous pourrez prendre votre retraite,habiter dans un petit village côtier, faire la grasse matinée, jouer avec vos enfants, pêcher un peu, faire la sieste avec votre femme et passer vos soirées à boire et à jouer de la guitare avec vos amis.

14 novembre 2006

Pêche: la quasi-totalité des poissons risque de disparaître des océans d'ici 2050

Pêche: la quasi-totalité des poissons risque de disparaître des océans d'ici 2050

Par Jean-Louis SANTINI


WASHINGTON (AFP) - La quasi-totalité des espèces de poissons et de crustacés pêchés pour la consommation auront disparu des océans avant 2050 si les tendances actuelles se poursuivent, ont mis en garde jeudi des scientifiques américains et canadiens.

Cette disparition accélérée de la biodiversité marine résultant de la pêche excessive et de la pollution menace la sécurité alimentaire de la planète et l'environnement, affirment ces biologistes et économistes dans l'étude la plus exhaustive réalisée à ce jour sur ce sujet et publiée dans la revue américaine Science datée du 3 novembre.

"Nos analyses indiquent que sans changement, la situation actuelle laisse présager de sérieuses menaces sur la sécurité alimentaire mondiale, la qualité des eaux côtières et la stabilité de l'écosystème qui affecteront les générations actuelles et futures", écrivent-ils.

"Que l'on regarde les résultats d'expérimentations en laboratoires ou des études portant sur l'ensemble des océans, on fait le même constat, à savoir que la productivité et la stabilité de tout l'écosystème marin diminuent", explique Boris Worm, un biologiste à l'université d'Halifax (Nouvelle-Ecosse), un des co-auteurs.

A ce stade, "29% des espèces de poissons et de crustacés sont en passe de disparaître", précise Boris Worm ajoutant que "les prises de pêche de ces espèces ont diminué de 90%" ces dernières années. La morue de l'Atlantique nord a déjà atteint le point de non-retour et est considérée quasiment éteinte.

"Si cette tendance se poursuit, tous les stocks de poissons et de crustacés pourraient être épuisés d'ici 2048", a ajouté Boris Worm.

Cette recherche effectuée pendant quatre ans révèle également que la disparition d'une seule espèce accélère le dérèglement de l'ensemble de l'écosystème.

A l'inverse, toute espèce qui retrouve un taux normal de reproduction contribue à la santé et à la stabilité des océans ainsi qu'à leur capacité d'absorber des chocs comme la pollution et le réchauffement du climat.

Ces scientifiques expliquent que la perte de biodiversité réduit profondément la capacité des océans à produire des poissons et crustacés, de résister au développement des parasites comme certaines algues ainsi qu'à produire de l'oxygène et à filtrer les substances polluantes.

"L'océan est un grand recycleur, il absorbe les égoûts et les recycle en substances nutritives, il retire les toxines de l'eau, produit de la nourriture et transforme le dioxyde de carbone (CO2) en élément de nutrition et en oxygène", souligne Steve Palumbi, un biologiste de l'université Stanford (Californie, ouest) et co-auteur de ces travaux.

Pour cette étude, les chercheurs ont fait la synthèse de toutes les données couvrant mille ans d'histoire marine, celles provenant d'études dans 48 zones marines protégées et des statistiques mondiales sur la pêche de 1950 à 2003.

"Toutes ces données montrent aussi qu'il est possible d'inverser les tendances actuelles avant qu'il ne soit trop tard", estiment les auteurs de l'étude, déplorant toutefois "que seul 1% des océans soit protégé actuellement".

Au lendemain de la publication de cette étude l'organisation écologiste Greenpeace a réclamé vendredi l'inscription de près de la moitié des océans au titre de sanctuaires marins.

"La surpêche et la pêche illégale détruisent nos océans à un rythme alarmant", a déploré Nilesh Goundar la porte-parole de Greenpeace pour l'Australie, qui appelle à la mise en place d'une vaste zone de protection sur 40% des mers.

08 novembre 2006

actualité musicale sur DISKOTRONIC



Site d'information sur la musique électronique et l'actualité culturelle. Sorties de disques, Interviews d'artistes, Agenda,Musiques à télécharger, Actualités culturelles, Plate forme de liens, Forum…
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05 novembre 2006

Peut-on encore critiquer la police de Sarkozy ?

Peut-on encore critiquer la police de Sarkozy ?

A cause d'un reportage gênant pour la police, une journaliste de l'AFP est boycottée par les autorités et empêchée d'accomplir son devoir d'informer. Pour la place Beauvau, toute vérité n'est décidément pas bonne à dire. Pourtant, le président de la Commission nationale de déontologie de la sécurité publie aujourd'hui le bilan de son action sous la forme d'un rapport très critique envers les forces de l'ordre. Baillonner les journalistes ne résoud pas le problème des bavures !

"Une vingtaine de policiers ont fait irruption dans l’appartement, ils nous ont fait tomber au sol, avec un coup de pied, mon frère et moi", raconte Adama, 17 ans, portant un hématome au visage après un "coup de matraque". "Ils m’ont écrasé la tête par terre comme une merde", ajoute le jeune garçon. Il affirme que des policiers, dans la précipitation, ont également poussé sa mère par terre, lui ont renversé de l’huile chaude sur un pied et jeté à terre les aliments, tandis que les deux frères étaient menottés et les autres membres de la famille alignés dans le couloir, mains sur la tête. Adama confie son désir de "se venger". Les yeux de Workya, une des filles de la famille, étincellent de colère. Son fils de deux ans et demi "s’est fait braquer un pistolet sur la tempe", dans sa chambre. La jeune femme de 27 ans n’a pas pu se rendre à son travail ce matin. Elle veut porter plainte. "Pour eux, on est juste une famille d’Arabes et de Noirs, ils nous considèrent comme des animaux", affirme-t-elle. Après leur intervention musclée, les policiers, à la recherche de cinq personnes à la suite des échauffourées avec des jeunes, dimanche 1er octobre 2006 au soir, dans le quartier, sont partis rapidement en disant "on s’est trompé", se dirigeant vers la porte voisine."
Cet extrait de l'article signé Raphaëlle Picard, pigiste permanente à l'AFP, raconte l'intervention policière aux Mureaux du 4 octobre dernier (en version intégrale ici), de façon si éloquente qu'on comprend aisément qu'il ait déplu aux autorités policières. C'est une chose de faire venir des journalistes pour mettre en scène le spectacle des forces de l'ordre pacifiant les djebels de nos banlieues, mais voilà que certains d'entre eux se croient permis de raconter ce qu'ils voient !

Frappée d'interdiction professionnelle


"Malhonnêteté intellectuelle", accuse le directeur adjoint de la police départementale, repris par le Syndicat Autonome des Journalistes, qui énumère la suite des démêlés de la journaliste de l'AFP avec les autorités : "Ce fut ensuite le directeur de la sécurité publique, a qui Raphaëlle avait demandé un entretien, qui l’a accusée d’avoir "produit des faux témoignages qu’elle n’avait pas pris soin de vérifier... auprès de la police" (sic). "Notre collaboration va s’arrêter là", lui a-t-il signifié. Ce fut encore (côté Justice), le procureur adjoint du parquet de Versailles qui lui a également signifié que sa porte était désormais fermée et qu’il "ne voulait plus jamais collaborer" avec elle. "On a toute la direction sur le dos...", a-t-il avoué. Enfin, last but not least, le directeur de la police judiciaire des Yvelines est monté d’un cran : "On va porter plainte...". Menace gratuite, fanfaronne et vide de sens, puisque, à ce jour, aucune espèce de plainte n’a été déposée devant une quelconque juridiction. Raphaëlle et par voie de conséquence l’AFP, se trouve désormais coupée de toutes les sources "officielles et institutionnelles", indispensables pour couvrir de façon rigoureuse, honnête et complète, l’actualité dans ce département." Le syndicat parle de "grave entorse à la liberté de la presse" et d' "invraisemblable atteinte au droit d’informer". Il n'est pas seul à tempêter, rejoint par le SNJ-CGT, le SNJ, FO, la CFDT et la Société des rédacteurs de l'AFP pour protester contre l' "interdiction professionnelle" dont est frappée la pigiste. Le communiqué est limpide : "Tout porte à croire qu'un certain nombre de responsables, au parquet et dans l'appareil policier, ont décidé de faire payer à notre consoeur ce reportage parfaitement inattaquable d'un point de vue journalistique, en la privant depuis plusieurs semaines d'informations" Faudra-t-il donc désormais, pour être autorisé à travailler, ne diffuser que la bonne parole du ministère de l'intérieur ? Il faut dans ce cas prévenir le magistrat Pierre Truche, président de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS), pour qu'il cesse de se livrer à une honteuse propagande gauchiste qui ne peut que miner le moral de nos fiers représentants de l'ordre en lutte contre la barbarie banlieusarde.

Les pompiers pyromanes / que fait la police


Que dit en effet le Bilan des six premières années d'activité 2001-2006 de la CNDS, publié hier sous la plume du président Truche, dont on peut lire l'intégralité sur le site de l'institution ? "Majoritairement saisie de dossiers concernant la police nationale, la Commission a été confrontée à de nombreuses situations dans lesquelles des manquements à la déontologie ont pu être observés". S'appuyant sur l'étude de 200 affaires, le rapport relève la propension à un "usage indu de la coercition (conduite au commissariat sans procédure ultérieure, placement en garde à vue injustifié, parfois en l'absence évidente d'une infraction, durée de garde à vue excessive)" et à l' "abus de l'usage de la force (fouille de sécurité systématique et menottage serré, gestes de maîtrise trop prolongés ayant conduit à des blessures, voire au décès d'étrangers illégaux au cours d'expulsions)". Le racisme fait l'objet d'une étude à part, menée en 2004, suite à l' "l'observation de situations et pratiques récurrentes mettant en scène les forces de l'ordre face à des minorités dites visibles". Le rapport annuel 2005 d'Amnesty International a enfoncé le clou, et fait dire à la présidente de la branche française de l'organisation, Geneviève Sévrin : "les mauvais traitements et les homicides racistes imputables à la police depuis dix ans ne sont pas des cas isolés (...) Les auteurs présumés de tels actes ne sont pas toujours amenés à rendre des comptes de leurs actes devant la justice". Odieux réquisitoire contre la police française ! Parlera-t-on là encore de malhonnêteté intellectuelle, de faux témoignages qu'on n'a pas pris le soin de vérifier ? On pourra museler toutes les Raphaëlle Picard que l'on voudra, la réalité des abus policiers reste. Et ce n'est certes pas avec cette stratégie de la tension, chère au fier-à-bras de la place Beauvau, que l'on viendra à bout de la - réelle - violence actuelle. On n'éteint pas un incendie en soufflant sur les braises.

Olivier Bonnet

PS : La revue Que fait la police ? est disponible en s’abonnant pour 10 euros à l’Observatoire des libertés publiques, 7/9 passage Dagorno, 75020 Paris.

PLUME DE PRESSE

01 novembre 2006

Prémices de guerre?

Prémices de guerre?
par Dave Lindorff, Etats-Unis*

Alors qu’on entend parler de vifs débats à la Maison Blanche sur une éventuelle attaque militaire de l’Iran et de ses installations d’enrichissement d’uranium, The Nation a appris que le gouvernement Bush et le Pentagone ont ordonné le déploiement d’une importante flotte de combat comprenant le porte-avions nucléaire Eisenhower ainsi qu’une escorte de croiseurs, de destroyers, de frégates de sous-marins et de bâtiments de soutien dans le golfe Persique, au large des côtes occidentales de l’Iran. Cette information fait suite au communiqué du dernier numéro du Time Magazine – éditions papier et électronique – selon lequel des navires capables de miner des ports avaient reçu l’ordre d’être prêts à appareiller pour le golfe Persique le 1er octobre.

Comme l’écrit le Time Magazine dans son article de «une» intitulé «What would War Look Like?» (A quoi la guerre pourrait-elle ressembler?), des preuves du déploiement de dragueurs de mines et la nouvelle selon laquelle le chef des opérations navales a demandé de reprendre d’anciens projets de minage des ports iraniens «laissent penser qu’un projet abondamment débattu, mais resté jusqu’ici très théorique – est devenu réalité: celui de la préparation d’une guerre américaine contre l’Iran.»

Selon le lieutenant Mike Kafka, porte-parole du quartier général de la Seconde Flotte basée à Norfolk (Virginie), les navires de l’Eisenhower Strike Group, armés de quantités de missiles de croisière Tomahawk, ont reçu l’ordre de quitter les Etats-Unis dans un peu plus d’une semaine. D’autres sources officielles du Bureau des relations publiques du Département de la Marine du Pentagone confirment que cette puissante armada devrait arriver au large des côtes d’Iran aux alentours du 21 octobre.

Le porte-avions Eisenhower est resté stationné plusieurs années sur la base navale de Norfolk pour la remise à neuf et le ravitaillement de son réacteur nucléaire. Il n’était pas prévu qu’il parte pour une nouvelle destination avant un mois au moins, et probablement pas avant le printemps prochain. Les premiers à avoir parlé du prochain départ de l’Eisenhower Strike Group pour la région du golfe Persique sont des officiers en colère des navires concernés qui ont pris contact avec des opposants à la guerre, tel l’ancien colonel de l’Armée de l’air Sam Gardiner (cf. article page 2), et se sont plaints qu’on les envoie attaquer l’Iran sans que le Congrès se soit prononcé.

«L’affaire est très sérieuse», a déclaré Ray McGovern, un ancien analyste de la CIA spécialisé dans l’évaluation des menaces, qui a entendu parler très tôt de la plainte des officiers de la Marine concernant l’ordre subit de déploiement. (McGovern, qui avait travaillé pour la CIA pendant 27 ans, a démissionné en 2002 en signe de protestation contre ce qu’il estimait être des pressions de l’Administration Bush en vue d’exagérer la menace irakienne. Avec d’autres membres de la CIA critiques à l’égard du gouvernement Bush, il a constitué un groupe intitulé Veteran Intelligence Professionals for Sanity.)

Selon le colonel Gardiner, qui a enseigné la stratégie militaire au National War College, la date du 21 octobre prévue pour l’arrivée du porte-avions dans le golfe Persique est une «preuve très importante» de la préparation de la guerre. Il a déclaré qu’il savait que des forces navales avaient déjà reçu l’ordre de se préparer (PTDO) le 1er octobre. (Suite à un PTDO [Prepare to Deploy Order] tous les équipages doivent être à leur poste, les navires et les avions doivent être prêts à partir à une certaine date.) Etant donné qu’il faudrait à peu près 3 semaines pour que ces forces arrivent dans la région du Golfe, le 21 octobre semble bien être la date d’une attaque possible de l’Iran. «On ne peut pas recevoir un tel ordre et rester prêt longtemps. C’est un ordre important, cela n’a rien à voir avec un exercice.» Ce point a également été souligné par l’article du Time Magazine. […]

Que prépare la Maison Blanche?

«Je pense que le projet est de bombarder les sites nucléaires d’Iran», a déclaré Gardiner. «C’est une idée épouvantable qui va à l’encontre du droit américain et du droit international, mais je crois qu’ils ont décidé de le faire.» Selon Gardiner, alors que les Etats-Unis ont la possibilité de frapper ces sites avec leurs missiles de croisière, «Les Iraniens ont beaucoup plus d’options que nous. Ils peuvent faire intervenir le Hezbollah; ils peuvent organiser des émeutes dans tout le monde islamique, y compris au Pakistan, ce qui pourrait faire tomber le gouvernement Musharraf et permettre à des terroristes de s’emparer d’armes nucléaires; ils peuvent encourager les milices chiites d’Irak à attaquer les troupes américaines; ils peuvent faire sauter les oléoducs et fermer le golfe Persique.» La plupart des pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient ont d’importantes populations chiites qui ont longtemps été un problème pour leurs dirigeants sunnites et pour les responsables politiques de Washington à cause des étroites relations entre les populations chiites et les chefs religieux iraniens.

Bien entendu, Gardiner en convient, les récents mouvements de navires et d’autres signes de préparatifs militaires pourraient n’être qu’un simple bluff destiné à montrer la fermeté des Etats-Unis dans les négociations sur le dossier du nucléaire iranien. Mais étant donné que les côtes iraniennes sont abondamment armées de missiles antinavires chinois Silkworm et peut-être d’armes antinavires russes encore plus sophistiquées contre lesquelles la Marine américaine n’a guère de défenses fiables, il semble peu probable que cette dernière risque de mettre ainsi en jeu ses précieux porte-avions et ses croiseurs. Et le bluff n’a pas été jusqu’ici un mode opératoire caractéristique de Bush. […]

Maurice Hinchey, député à la Chambre des Représentants, un des principaux opposants démocrates à la guerre en Irak, informé des ordres de préparatifs donnés à la Marine et de celui d’appareiller donné à l’Eisenhower Strike Group, a déclaré: «Depuis quelque temps, on se demande si les Etats-Unis ne vont pas attaquer l’Iran avant le 7 novembre afin d’exacerber la culture de peur que le gouvernement Bush cultive depuis plus de cinq ou six ans. Mais attaquer l’Iran serait une grave erreur, pour le Moyen-Orient et pour les USA. Cela ne ferait qu’aggraver l’hostilité et la peur qu’éprouvent les gens à l’égard de notre pays. J’espère que notre gouvernement ne sera pas fou et irresponsable à ce point-là. Les militaires sont très inquiets car on les met maintenant déjà à trop rude épreuve.» […]

Samedi, au National Mall de Washington, au cours d’une manifestation intitulée «Camp Democracy», McGovern, qui avait, le premier, confié à un groupe de militants antiguerre en Irak qu’il avait été mis au courant du déploiement du Strike Group, a lancé cet avertissement: «Nous avons à peu près sept semaines pour tenter d’empêcher cette prochaine guerre.»

Si le porte-avions Enterprise, actuellement en mer d’Oman, d’où il a bombardé les Talibans en Afghanistan et qui se trouve à la fin de sa période normale de six mois en mer, restait là-bas au lieu de retourner aux Etats-Unis, ce serait un indice solide de ce que l’envoi de l’Eisenhower fait partie d’une intensification des préparatifs. Un rapport de l’Enterprise sur le site Web officiel de la Marine évoque son rôle actuel dans les combats d’Afghanistan mais ne fait aucune mention d’un projet de retour à son port d’attache. La Marine elle-même ne se prononce pas sur les missions futures du navire. •

Source: The Nation du 21/9/2006