"La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté." (Max Stirner)."
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25 octobre 2006

STEEVY DEMISSION

24 octobre 2006

SUSPENSION DE PEINE DE NOUVEAU REFUSÉE À NATHALIE MÉNIGON

COMMUNIQUÉ
SUSPENSION DE PEINE DE NOUVEAU REFUSÉE À NATHALIE MÉNIGON

Aujourd’hui, 24 octobre 2006, le tribunal d'application des peines de Paris « en
charge des infractions terroristes » a rejeté la demande de suspension de peine
pour raison médicale de Nathalie Ménigon, militante d’Action Directe,
emprisonnée depuis près de 20 ans.

Nathalie Ménigon, qui souffre de sérieuses séquelles (troubles de l’équilibre,
de la motricité, pertes de mémoire…) à la suite de deux accidents vasculaires
cérébraux avérés survenus en prison, n’a jamais bénéficié des soins requis par
son état de santé. Le risque de récidive est connu (elle a d’ailleurs
probablement subi un troisième accident qui n’a même pas été détecté par la
prison) : le pronostic vital est donc clairement engagé. La loi Kouchner du 4
mars 2002 devrait donc lui être appliquée. La suspension de peine lui a
pourtant déjà été refusée à trois reprises, alors même que certains experts
médicaux se sont prononcés dans ce sens. Elle avait été accordée à sa camarade
Joëlle Aubron, quelques temps avant qu’elle ne décède d’un cancer.

Jugée par un tribunal d’exception, incarcérée sous le statut de détenue
particulièrement signalée (DPS), Nathalie Ménigon a subi pendant des années des
conditions très dures de détention : placement à l'isolement, avec droit de
visite limité, restriction des parloirs, du courrier, des appels
téléphoniques... Le traitement d’exception, appliqué en particulier aux
militant-e-s d’Action Directe, a été encore durci cette année : examinées
auparavant par la juridiction du lieu d’emprisonnement, les demandes de
libération conditionnelle et de suspension de peine pour raison médicale des
condamnés pour « actes de terrorisme » doivent l’être désormais à Paris (Art.
14 du chap. 4 de la loi 2006-64 du 23 janvier 2006, précisant l’article 706-22
du code de procédure pénale, « par dérogation aux dispositions de l’article
712-10 »).

Nathalie Ménigon a fait l’expérience de ce nouveau dispositif exceptionnel, qui
centralise au plus près du pouvoir les décisions concernant les peines des
prisonniers politiques : le 9 octobre, elle se trouvait seule à Bapaume face à
une caméra, contrainte à être la spectatrice d’une nouvelle parodie de justice
; à 150 km de là, son avocat l’assistait face à un juge resté à Paris, à portée
de voix du ministère.

C’est cette même procédure qu’avait inaugurée le 2 octobre le militant basque
Filipe Bidart, en prison depuis près de 19 ans. Sa demande de libération
conditionnelle a été refusée le 17 octobre, malgré les avis favorables du
directeur de la prison de Clairvaux, du procureur du tribunal de Troyes et du
juge d’application des peines de Troyes. Comme l’a affirmé son avocat, qui
dénonçait cette décision politique habillée de façon hypocrite avec des
arguments juridiques : « L’État veut lui faire payer son engagement politique
».

La décision rendue ce 24 octobre contre la militante Nathalie Ménigon ne nous
surprend donc pas. Elle nous renforce dans notre détermination à poursuivre le
combat pour sa libération et celle de tous les prisonniers d’Action Directe.
Nous tenons par ailleurs à rappeler qu’outre l’absence de soins adaptés,
Nathalie Ménigon voit son courrier arbitrairement censuré par la nouvelle
direction du CD de Bapaume tandis que les dossiers de demande de parloir avec
elle se « perdent » dans les couloirs de l’administration pénitentiaire.
Nathalie Ménigon a déposé une demande de libération conditionnelle, à laquelle
elle a droit puisqu’elle a terminé les 18 années de prison de sa peine de
sûreté.

Le Collectif « Ne laissons pas faire ! »
24 octobre 2006
___________________

Collectif Nlpf !
nlpf@samizdat.net - http://nlpf.samizdat.net

22 octobre 2006

LE HOLD UP DU SIECLE

Le hold-up du siècle

Plus profond que celui de la Sécurité sociale, plus béant que celui des retraites : le trou dans la poche des salariés.

150 milliards d'euros, 1 000 milliards de francs. C'est un pic, c'est un mont, c'est une péninsule. Mais rien à voir avec le nez de Cyrano. De quoi s'agit-il ? Du montant d'un cambriolage économique qui recommence à l'identique tous les ans.
Explication de ce brigandage national et discret : la richesse produite chaque année par l'ensemble des entreprises (valeur ajoutée) est essentiellement répartie en salaires (revenus du travail) et en profits (revenus du capital, argent et machines). Avec les impôts sur la production, l'ensemble forme le produit intérieur brut (PIB).
Entre 1981 et 1995, la part des salaires s'est effondrée, passant de 71,8 à 60,3% ; dans le même temps, celle des profits bondissait de 28,2 à 39,3% 1. Le rapport de force entre travail et capital a basculé. Aux luttes sociales intenses des années 1970, ont succédé les politiques économiques libérales, la financiarisation de l'économie, la suprématie des actionnaires, les gains de productivité non compensés par des hausses de salaires. Et le chômage. Jacky Fayolle directeur de l'Institut de recherches économiques et sociales (Ires), explique au Plan B : « Dans les années 1980, les politiques de désinflation ont tout misé sur le chômage pour faire ralentir les salaires. Le chômage devenant massif et persistant, il induisait une perte structurelle du rapport de force sur le marché du travail au détriment des salariés. » En 1980, quand une entreprise versait 100 euros bruts à un salarié, elle servait 9 euros de dividendes à ses actionnaires. Aujourd'hui, c'est 26 euros.
Arnaud Lagardère, Serge Dassault, Martin Bouygues et Claude Perdriel se frottent les mains. Jacky Fayolle éclaire le motif de leur extase : « En dix ans, du milieu des années 1980 au milieu des années 1990, ce sont donc 10 points de PIB qui ne sont plus allés aux salaires dans cette valeur ajoutée, mais aux profits. [...] Le PIB de la France s'élève à environ 1 500 milliards d'euros : 100 à 150 milliards d'euros ont donc ripé des revenus du travail vers les revenus du capital. »
Un transfert colossal puisque ces 100 à 150 milliards d'euros ponctionnés chaque année représentent dix fois le trou de la Sécurité sociale (11 milliards d'euros) ; neuf fois le déficit de l'assurance-chômage (14 milliards) ; trois fois celui des retraites (43 milliards).
N'imaginez surtout pas qu'il suffirait pour résoudre les problèmes de rétablir l'équilibre capital/travail ou – pis ! – de supprimer les revenus du capital en nationalisant les moyens de production. Vous chagrineriez l'historien madeliniste Jacques Marseille pour qui ce genre de raisonnement traduit « les ravages de l'ultrapopulisme » (Le Point, 20.4.06). Certes, concède-t-il entre deux émissions destinées à brader les stocks d'invendus de son dernier opuscule, « à la fin de la brillante “saison” 2005, les entreprises du CAC 40 ont bien enregistré 84,3 milliards d'euros de profit, contre 66,2 milliards en 2004. »

Dictature marseillaise
Mais attention : « Il est malsain de flatter à l'excès les rancœurs d'un peuple, prévient Marseille. Des enragés de 1793 aux babouvistes de 1796, des contempteurs des 200 familles dans les années 1930 à ceux du CAC 40 aujourd'hui, aucun n'a jamais fait avancer les choses. Ce n'est pas, en fait, la dictature ultralibérale qui menace notre république, mais la vague plus sournoise de l'ultrapopulisme qui, en alimentant la haine des Français contre le “mur d'argent”, conforte les extrémismes de l'ultradroite comme ceux de l'ultragauche, et mine finalement les bases fragiles de notre démocratie » (Le Point, 20.4.06). Pour protéger ce joyau, Jacques Marseille déborde « d'idées saines » : la France « a besoin d'un homme fort, autoritaire, populaire qui prenne des décisions et qui remette sans cesse son destin entre les mains du peuple » (Le Nouvel Économiste, 6.4.06).
Un Duce marseillais, en somme.

LE PLAN B